Nous ne pouvons pas oublier.
Les catastrophes et pandémies diverses qui se sont déroulées ensuite n’enlèvent rien. Nous ne pouvons pas oublier, et pas seulement parce que Monsieur Samuel Paty était un enseignant ! Nous ne pouvons pas oublier que sur la terre de la Lumière et de la République, au sortir d’un lieu d’instruction, on a consciemment choisi de tuer la parole libre d’un professeur, appliquant un programme officiel, porteur de nos valeurs communes héritées de nos fondateurs.
La mort de cet homme, plus que tout autre évènement, rappelle à tous l’importance de bien comprendre la valeur unique et essentielle de la Laïcité. Ce mot pourrait rejoindre la Liberté, l’Egalité et la Fraternité au fronton des mairies. Ce qu’il signifie vraiment est trop souvent mal compris ou sciemment dérouté.
En effet, la laïcité c’est donner à chacun la même garantie de choisir et vivre sa foi sans à aucun moment l’imposer aux autres. C’est garantir à chaque citoyen un égal accès aux cultes sans que jamais le voisin en soit dérangé ou obligé. La laïcité c’est assurer à tous que l’Etat n’appartient pas à telle ou telle religion. C’est la vision française née de la loi de 1905 qui fait que partout en France, sauf en Alsace Lorraine pour des raisons historiques, la religion est respectée comme un choix personnel et vivant, jamais comme une directive qui poserait la loi divine au dessus de celle des hommes.
Dès lors, la conséquence à l’école de la République a souvent fait couler beaucoup d’encre.
– En premier lieu, et ce dès la sixième, la religion est étudiée en tant qu’objet scientifique d’étude: les sciences religieuses sont d’ailleurs étudiées en France dans les facultés, l’Ecole Pratique des hautes Etudes en Sciences Religieuses à la Sorbonne en étant un exemple. On y apprend les textes et les références, les personnages clés, les fêtes. Jamais on ne juge de telle ou telle foi. C’est une culture et un éveil. jamais un catéchisme ou un enseignement destiné à convaincre.
– En second lieu, il découle de ces savoirs (qui se distinguent donc des croyances) que l’appartenance religieuse doit être discréte dans les lieux où s’adresse l’état laïc. C’est la fameuse loi sur les signes religieux. En garantissant la neutralité, le législateur demande à tous ceux qui vivent dans cette sphère publique de respecter l’autre en ne lui imposant pas le choix privé et religieux qui est le sien. C’est une loi d’équilibre et de bon sens qui s’applique à tous.
– Enfin, il découle logiquement de ces principes, qu’aucune religion n’est plus protégée qu’une autre. On peut en rire, en parler, en souligner les bons et les mauvais côtés. C’est le principe de la liberté d’expression. Ce dernier peut parfois blesser, heurter ou agacer. Mais la sphère publique est un lieu où tout citoyen a le droit d’avoir un avis, même contraire à celui de son voisin. Bien entendu, il peut arriver des excès, et chaque religion aurait de nombreux exemples à citer. Mais jamais, jamais, un seul de ces excès ne vaut un arrêt de mort !
Nous allons faire mémoire de Monsieur Samuel PATY cette semaine.
Je demande à nos enseignants de s’en faire le relai en classe. Avec lui, c’est notre attachement, à Charles Péguy, aux valeurs essentielles de la République et de sa charte que nous souhaitons redire. Le « vivre ensemble » ne peut s’entendre autrement que dans le respect de cet équilibre essentiel où la liberté de croyance s’arrête au portail avant de se retrouver la journée terminée. Nul ne peut se sentir exclu. Nul ne doit se sentir obligé. C’est ainsi que nous faisons société. Nous sommes unis par ce terreau fertile commun: Cet esprit, tellement libre, qu’il a permis à la France de rayonner et de définir à lui seul les grands principes des droits humains.
One
Afin d’accompagner cette semaine en hommage à Monsueur Samuel PATY, nous allons remettre la sonnerie hommage qui avait été celle de ses obsèques dans la Cour de la Sorbonne à Paris.
Il s’agit de la chanson « One » par U2. une chanson hautement symbolique qui appelle à faire unité et corps pour préserver les principes essentiels des fondateurs de notre République.
Merci à tous ceux qui cette semaine prendront un peu de temps pour y faire référence.
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