Les forces du savoir

La plupart des violences et des guerres sont nées de l’ignorance et de la peur de l’autre. C’est souvent dans une vision fausse de son voisin qu’on le jalouse, qu’on le scrute, qu’on le moque puis qu’on le tue ! L’histoire est une accumulation de ces peurs. On préfère bien souvent ne pas voir ou connaître pour ne pas perdre ses certitudes.

Tous les récents combats fourmillent de ce constat. Le choix de l’ignorance est bien plus confortable. Ce que je ne vois pas, ce que je ne comprends pas, je préfère penser qu’il n’existe pas et donc l’effacer. Les plus grands génocides sont venues de cette ignorance de l’autre au point de penser qu’il ne formerait qu’un seul être au sein de son peuple et que sa suppression serait globale, indistincte, du plus jeune au plus âgé. La simple visite du Camp des Milles à Aix-en-Provence permet d’en mesurer l’aveuglement.

Il en est de même avec le fanatisme. Quelles que soient ses racines et ses motivations, le fanatisme (né de l’idolâtrie de statues ou de modèles au sens étymologique, et dont le mot « fan » est issu) conduit à la perte de tous les repères humains au nom d’une cause que l’on considère supérieure à toute autre. On peut être fanatique d’une religion, mais aussi d’un star de la chanson, d’un produit addictif ou même de son téléphone … Rien n’est alors plus important que le Dieu, la personne, le produit ou l’objet adoré…

Le fanatisme est clairement une maladie mentale aux conséquences dévastatrices pour celui qui le vit comme pour ceux qu’il croise. La raison n’a plus de prise.

Et voici que, comme chaque année, nous allons commémorer Samuel Paty et Dominique Bernard, tous deux victimes de la folie des hommes, du fanatisme le plus exacerbé qui conduit à la suppression pure et simple d’un être humain. Comme toujours, nous les pleurerons, nous nous souviendrons de l’émotion. Nous redirons à quel point un professeur est une personne qui donne et transmet la vie, des valeurs, de l’amour. Que ces personnes si belles ne méritent pas un destin si tragique.

Mais que dire aussi de ce chauffeur VTC fauché en pleine course par la folie du gain et la perte de toute sensibilité humaine ? Quelle humanité déshumanisée se construit pierre après pierre autour de nous. Que penser de personnes qui ne voient de solution à leurs problèmes que dans la violence, l’invective et la provocation ? Doit on vraiment s’y résoudre ?

Pour que Samuel Paty et Dominique Bernard ne soient pas morts en vain, comme pour ce chauffeur de Marseille, refusons toute forme de violence et de fanatisme. Faisons de nos établissements scolaires des lieux de paix et de concorde en refusant que n’y entre la violence de la ville. Construisons par la connaissance de l’autre, de sa culture, de sa richesse, un monde où le fanatisme n’aura pas sa place.