Charles Péguy 102 rue Sylvabelle 13006 MARSEILLE 0491157640

Une rue « tranquille » de Marseille …

par | 26 Mar 17 | 1 commentaire

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Le Lycée » Charles Péguy est implanté du 102 au 106 de la rue Sylvabelle dans le 6ème arrondissement de Marseille. Cette jolie rue à sens unique porte également le nom de Robert de Vernejoul, médecin émérite Marseillais, qui vécut dans un immeuble voisin. Une belle plaque en témoigne.

Notre rue est une des moins commerçantes de Marseille. Peu d’activité en fait dans cette rue bourgeoise qui rejoint la rue de Rome au Boulevard Notre-Dame: Une Pharmacie, un cordonnier, un vendeur d’objets anciens (Léo de Sylvabelle, une caverne d’Ali Baba !), un luthier, la Maison de la Corse et quelques autres activités rares peuplent cette étroite artère pourtant bien fréquentée. De jour et de nuit, cette petite rue est très empruntée par de nombreux véhicules qui rejoignent deux axes importants en contournant les bouchons fréquents. Depuis les travaux de la rue de Rome, c’est un moyen pratique de contourner la zone de la Préfecture pour rejoindre l’autoroute du Vieux Port. De nuit elle est sillonnée dans les deux sens, même l’interdit, par les innombrables livreurs de pizzas qui, à grande vitesse, tentent de tenir leurs promesses. Il faut dire que notre quartier est résidentiel. Les commandes sont nombreuses, les animaux domestiques aussi, et les ordures à la hauteur d’une zone concentrée en habitat urbain. Les problèmes de stationnement sont permanents. Les familles ne peuvent pas y stationner et, depuis que la Préfecture de Police a interdit les scooters devant notre Lycée, les deux roues de nos élèves et de nos voisins jonchent les trottoirs et gênent la circulation des piétons.

En ce moment, et sans que nous en ayons eu la moindre prévenance, la société EDF, par sa filière spécialisée, a décidé de rendre les choses plus compliquées en bloquant des deux côtés une grande partie de la rue. Des barrières bloquent les stationnements en journée. De nuit, chacun s’emploie à déplacer les obstacles pour glisser son véhicule dans le moindre interstice possible. Comme pour l’emplacement de « Livraison » devant le Lycée, c’est devenu un sport local d’utiliser les places interdites en sachant que de toute manière cela se fait en toute impunité. Aucune verbalisation efficace n’existe et nous n’avons jamais réussi à faire enlever la moindre voiture. Nos voisins d’en face voient régulièrement leur accès bloqué sans que la moindre police ne se déplace dans un délai de moins d’une heure. Alors pour l’enlèvement …

Au chaos des travaux vient s’ajouter la grève des éboueurs.

C’est un spectacle digne des Favelas … Une masse incroyable d’ordures ménagères s’entasse en tous lieux de la rue. Loin de se retenir, chacun y va de son apport personnel. Profitant du chaos, des encombrants sont ajoutés aux ordures existantes avec la certitude de passer inaperçu dans ce paquet difforme et exubérant. Alors que faire ? Comment trouver des réponses à un problème chronique et pour lequel les pouvoirs publics, élus divers et démunis, sont eux-mêmes incapables de mettre en oeuvre des solutions pérennes. Depuis des années Marseille est sale et, au lieu de prendre vraiment le problème en main, on dresse les voisins les uns contre les autres et on stigmatise ceux qui agissent pour le bien commun, ou on trouve un coupable idéal qui endossera la responsabilité …

Nous souhaitons expliquer clairement la position du Lycée et ce que nous faisons. Nous sommes las des procès un peu faciles, qui voudraient mettre sur le dos de nos jeunes les problèmes d’une rue laissée à l’abandon par les pouvoirs publics, et participer de manière constructive à une rue « propre » et respectueuse de chacun de ses usagers dont le Lycée Charles Péguy fait partie.

En premier lieu, il semble clair que cette rue ne répond pas aux exigences de sécurité d’un établissement remplissant une Mission de Service Public. Il y a trois ans, notre établissement, dans le cadre de son projet de rénovation, a déposé un permis de construire pour lequel les Marins-Pompiers de Marseille ont posé des exigences d’accessibilité. La Communauté d’agglomération a été interpellée très clairement sur cette question et en particulier sur la capacité de conduire devant le Lycée un véhicule équipé d’une grande échelle afin d’assurer la sécurité des 800 jeunes marseillais et 100 personnels qui y travaillent. Une réponse officielle nous a été faite. Cette réponse était conforme aux demandes établies conjointement par les Marins Pompiers et l’Architecte en charge de notre rénovation. Une relance auprès de la Communauté d’agglomération a été faite un an plus tard avec l’aide du Maire d’arrondissement que nous avions contacté à cet effet. Une nouvelle réponse positive nous a été faite mais toujours sans suite. Rien n’a été accompli et la sécurité ne répond pas aux normes évidentes d’un ERP en particulier par la largeur de circulation de la rue Sylvabelle. En cas d’événement grave, les engagements de uns et des autres seront produits. Il est inacceptable que les conditions de secours ne soient pas réunies afin de garantir à chaque jeune présent ici des conditions de secours dignes de se nom.

Depuis, les règles de sécurité se sont doublées de règles de sûreté. Des travaux importants sont rendus nécessaires afin de garantir les établissements qui reçoivent du public contre l’intrusion et le stationnement anarchique et incontrôlé sur les abords immédiats du Lycée. Charles Péguy a pris ses responsabilités en interdisant le stationnement des deux roues devant l’établissement. La demande faite auprès de la Mairie de neutraliser le stationnement de type « Livraison » à 1,50 mètres de l’entrée du 106 (qui est aussi un axe d’évacuation) a été classée sans suite. Pourtant il s’agissait là d’une demande claire de l’EMAS, en charge de la mise en sûreté des établissements scolaires de notre Académie. Un contrôle d’identité est en place. Le confinement a été organisé. Nous avons dû nous séparer de nos locaux du 113 afin de garantir nos responsabilités. Des systèmes d’alarmes différenciés ont été payés à prix d’or. Le Lycée a pris seul ses responsabilités avec le secours dévoué d’un Conseil d’Administration soucieux de ces jeunes et de ces étudiants. Seule la région a contribué financièrement aux dépenses et s’est engagée à nous soutenir dès l’été prochain. En charge des Lycées la Région joue son rôle. Mais elle n’a aucun pouvoir sur la voirie et la circulation.

Le Lycée Charles Péguy, c’est presque 1000 personnes au quotidien. C’est des gens qui viennent et vont, livrent, stationnent, vivent, déjeunent, fument, discutent, attendent … C’est une institution vivante qui contribue à la Mission Publique d’enseignement en conformité avec les textes en vigueur. Si son existence peut déranger certains, il est cependant fier de sa place et de son implantation. Il assure la réussite de jeunes depuis bientôt 100 ans ! Nos locaux sont bientôt totalement rénovés, nous ne déménagerons pas. Alors bien sûr 800 jeunes ça fait du bruit, ça manque parfois d’éducation, ça se bat rarement, ça s’assoit où il ne faut pas, ça crache et ça fume … Bref ça offusque et ça dérange ! Mais surtout 800 jeunes, ça mange et ça laisse des détritus, ça roule en scooter et ça fait du bruit avec les alarmes, ça ne respecte pas toujours le code de la route. Pour y faire face, certains se proposent de faire des pétitions, d’écrire aux élus, d’exiger des changements. On va dire au Proviseur « Qu’avant lui c’était mieux », chose qu’on disait aussi à son prédécesseur et qu’on répétera à l’envie après lui … Bref on montre du doigt mais on ne propose rien ! On accuse et vite on rentre chez soi.

En matière de « poubelles » il est bon de faire quelques rappels. En premier lieu, il nous est interdit pour des raisons de sécurité d’avoir des bennes devant le Lycée. De plus, et bien que nous soyons également assujettis aux taxes ménagères, le voisinage a souhaité que nous n’utilisions pas les bennes communes. Nous devons donc déposer après 19h les sacs poubelles devant le Lycée … Nous le faisons donc ainsi. Nos sacs sont fermés aussi longtemps qu’un « visiteur » ne vient pas en vérifier le contenu. C’est d’ailleurs un « spectacle » continu et ininterrompu rue Sylvabelle. Une fois les sacs ouverts et percés par les chercheurs de métaux ou d’autres spécialités,  les bennes se trouvent laissées à l’air libre, les mouettes, et/ou le Mistral, viennent terminer le travail en diffusant partout dans la rue les immondices légers. La Mairie de Marseille, interrogée par nos soins, nous a refusé l’installation de poubelles transparentes sur les abords immédiats du Lycée car « nous n’en avons pas le droit puisque nous recevons du public » …. Pourtant les gares et les établissements municipaux en bénéficient … Les poubelles cassées ne sont pas remplacées. Nous n’avons aucune solution pour gérer les détritus de nos jeunes sauf à ce qu’ils utilisent les bennes éloignées de notre entrée … Toutefois nous tenons un discours citoyen à nos jeunes. Nous leur demandons systématiquement d’être respectueux de tous. Tout élève surpris à dégrader ou à salir est sanctionné. Il doit faire des TIG et participer à l’entretien de la rue. Notre règlement intérieur intègre clairement ce respect de notre environnement urbain.

Depuis deux ans, nous contribuons au désordre par les travaux que nous avons engagés. Nombre de nos voisins le comprennent. Certains ont la gentillesse de saluer notre enseigne ou la beauté retrouvée de la façade. D’autres préfèrent agir sans parler. Certains viennent et demandent à rencontrer la Direction car ils ne sont pas contents du chantier et de ses nuisances. Partout nous avons cherché les bonnes relations. Parfois nos voisins font le choix du conflit avant la parole. Nous le regrettons. Il nous a été demandé d’effacer les traces au sol de notre chantier de l’été dernier. Nous l’avons fait. Toutefois, il nous est impossible de le faire sous les véhicules stationnés. Certains le comprennent. D’autres pas. Des traces demeurent donc. Si la Municipalité veut bien faire interdire le stationnement le temps de procéder à l’effaçage des marques, nous le ferons. Un nouveau chantier va débuter afin de réaliser les travaux du rez-de-chaussée. Fin août nous aurons terminé l’essentiel. Nous remercions les personnes patientes pour tout ce dérangement. Nous avons essayé de faire au mieux. Nous inviterons nos voisins à une fête pour eux afin d’inaugurer nos nouveaux locaux.

Enfin nous sommes parfois apostrophés sur le comportement de nos élèves en deux roues. Ils stationnent mal ou prennent la rue en sens interdit. Je rejoins chacun sur la condamnation de ces comportements. Nous téléphonons aux familles dès qu’un élève identifié se comporte mal avec son véhicule. Des sanctions sont prises en interne et nous ne cautionnons pas les attitudes à risques de nos jeunes. Mais sont-ils les seuls ? Sont-ils bien nos élèves?  Nous voyons des jeunes extérieurs venir parfois à nos portes. Nous pouvons également citer des riverains qui stationnent sur les trottoirs ou prennent la rue à contre-sens … Depuis 2012, il n’y a eu aucun contrôle ni sanction aux abords du Lycée. La direction n’a pas le pouvoir de verbaliser sur la voie publique. Nous soutiendrons tout ce qui sera fait par la Police Municipale pour encourager le civisme et lutter contre les comportements dangereux de nos propres étudiants. Pour le stationnement, le plan d’aménagement proposé prévoit des places pour les deux roues. Puisque le décret Vigipirate nous interdit le stationnement devant le Lycée, il faudra bien que des places soient crées ailleurs. Mais pour le faire, il faudra sacrifier des places payantes pour les riverains …

Notre rue de Marseille est le reflet de ce qui vit notre agglomération. Bien des débats usent la volonté de bien faire et nous sommes pris au piège de comportements incivils généralisés. Faire porter la responsabilité à l’un ou à l’autre serait pure injustice. Le Lycée Charles Péguy prend à cœur d’être actif pour le bien-vivre ensemble dans notre quartier. Il le fait sérieusement et sans cacher ses responsabilités. En revanche il n’est pas seul dans cette rue. Il suffit d’observer les périodes de congés scolaires pour voir que les choses ne vont guère mieux … Nous sommes impliqués et souhaitons contribuer à de bonnes relations de voisinage. Mais nous resterons vigilants aux apostrophes instrumentalisés de quelques uns et aux facilités de quelques autres. Charles Péguy a toute sa place là où il se trouve. Nous attendons de l’Etat et des élus qu’ils mettent en oeuvre les décisions nécessaires à la bonne marche de notre Lycée en respectant la place de tous !

Mise à jour le 27 mars à 13h30

La rue a été nettoyée de dimanche à ce lundi midi. Un petit camion benne a dû s’y reprendre à plusieurs fois pour évacuer les nombreux détritus.
Nous espérons que les éboueurs vont revenir régulièrement pour nous éviter un tel immondice.
Nous remercions ceux qui sont venus aujourd’hui nettoyer les abords immédiats de l’établissement

Péguy sous les ordures.

Merci à So Phie pour cette photo !

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par Stéphane Thiébaut
Chef d'établissement de Charles Péguy, Lycée et Enseignement Supérieur, responsable de publication du site de l'établissement.

1 commentaire

  1. RIVES

    Cet article nous éclaire très bien sur la problématique d’une implantation de lycée en centre ville…
    Qu’on ne s’y trompe pas cela fait des années que ces constats sont formulés: Les chefs d’établissement successifs ainsi que la communauté éducative ont toujours attaché une grande importance au respect de tous au nom du vivre ensemble…
    Les élèves ont les défauts de leur insouciance certes, mais ils sont conscients de l’image qu’ils donnent au voisinage: ils participent à restaurer cette image par l’adhésion aux Travaux Imposés pour le nettoyage de la rue (avec des gilets jaunes à l’effigie du lycée !)
    Ce qui est moins visible, mais bien réel, c’est par exemple l’accompagnement apporté par les Bac Pro aux seniors du quartier pour les guider et les familiariser en informatique, ou l’aide apportée par les étudiants BTS informatique aux enfants de l’école primaire situé derrière nos locaux… Cet aspect là et malheureusement moins visible…

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