POURQUOI LES ETATS GÉNÉREUX DE LA CULTURE ?
UNE CONVICTION PARTAGÉE
La culture est l’affaire de tous. Comment la penser autrement ? Ensemble, pour l’ensemble ? Dans un esprit généreux ! Il faut en finir avec la déploration, la fascination du déclin, paravents trop commodes du manque de vision. Il y a urgence à redonner du souffle. A partager et s’engager, collectivement, pour une culture qui fasse jubiler la démocratie et l’intelligence.
NOTRE PARTICIPATION
Ces « Etats Généreux de la Culture » vont s’écrire de juin à décembre 2016, avec vous – professionnels, amateurs, public ! Nous avons besoin de vos idées, vos suggestions, de connaître vos expériences. Vous pouvez contribuer dès à présent à travers ce site Internet. Vous pourrez aussi, à Lyon, Marseille, Paris et Lille, participer à quatre journées de débats publics, à partir des quatre thématiques ci-dessous.
Les règles du jeu
NOTRE OBJECTIF
Nous avons plus que jamais besoin de la culture ! Dans une société en crise, elle est le dernier ciment, le lien aux autres, le lieu où inventer, imaginer, rêver… A moins d’un an de l’élection présidentielle, Télérama croit essentiel de faire circuler paroles, désirs, points de vue – et de mettre en lumière des initiatives exemplaires et prometteuses. Notre objectif : (re)placer la culture au cœur du débat d’idées.
Le Lycée Charles Péguy souhaite associer ses élèves à cet événement majeur qui permet à chacun d’exprimer son approche de la Culture aujourd’hui. L’objectif final de cet état des lieux est d’interroger les candidats à la future présidentielle sur la politique culturelle qu’ils comptent mettre en oeuvre. A une époque où l’école est fortement remise en cause dans ses missions et ses engagements, le Lycée Charles Péguy répond par son implication sans réserve pour toutes les cultures de nos élèves, personnels et enseignants.
Chaque différence, chaque originalité, chaque savoir-faire aussi insolite soit-il, a sa place dans une monde mélangé où chacun puise dans son patrimoine pour élaborer sa culture et l’enrichir des savoirs scolaires. Loin de niveler, l’éducation a la mission de faire naître les savoirs insolites en partageant les connaissances communes et en leur adjoignant l’héritage des racines conjugué aux savoirs propres à chaque génération. Considérer le « socle commun » comme une sorte de base immuable et inadaptable à chaque profil est un non-sens éducatif.
Les jeunes confiés vivent les aléas de notre temps avec les outils dont ils se sont saisis de façon bien plus évidente que les « anciens » dont l’approche intellectuelle était plus directement liée à celle qui était utilisée par leurs parents et grand-parents. Les compétences se transmettaient naturellement et l’acquisition des savoirs allait de paire avec la possession des outils qui la permettait. Désormais nos élèves et étudiants passent par d’autres biais et des cultures multiples évoluent en parallèle des savoirs scolaires. Certaines sont vraiment insolites et inattendues: elles sont le reflet des multiples intérêts générés par l’ère d’internet et de la facilité faite à se saisir de savoirs ésotériques qui échappaient à l’entendement des hommes du livre que nous fûmes. La créativité des nouvelles générations est une vraie révolution culturelle qu’il faut entendre et laisser s’exprimer pour donner du sens au travail des nouvelles générations. L’école ne doit pas passer à côté et doit savoir accompagner et valoriser ces changements.
Les Etats généreux de la Culture, voulus par Télérama, permettent de faire un état des lieux de ces univers nouveaux où gravitent les plus jeunes et que nous ne pouvons pas ignorer. Regarder les jeunes évoluer et se dire que décidément nous ne les comprendrons jamais, c’est prendre le risque d’une fracture qui, comme en 1968, a conduit à voir s’opposer des mondes qui ne se parlaient plus. Sans démagogie, il nous faut intégrer les nouveaux savoirs dans l’école et faire évoluer les méthodes pour rendre compatibles leur savoir-être avec nos savoir-faire. Il nous faut tenir ferme sur l’essentiel mais être capable de nous adapter aux bagages qui sont les leurs et qui proviennent d’une culture acquise autrement.
Si Charles Péguy était parmi nous aujourd’hui je suis convaincu que son discours serait le même. Tout comme Michel Serres dans « La Petite Poucette », il clamerait que l’intelligence des hommes c’est de s’adapter aux outils créés pour leurs faciliter la vie. Bien sûr savoir lire, écrire, compter c’est capital, mais peut on imaginer une formation contemporaine qui ne donnerait pas les moyens aux jeunes d’aborder les enjeux modernes ? Savoir programmer, surfer, communiquer, paramétrer, autant de connaissances dont la maîtrise est devenue capitale et qui pourtant n’ont presque pas leurs places dans les programmes modernes. L’école va devoir profondément évoluer pour répondre aux nouveaux jours. La relation Maître-Élève est, elle-même, en mutation. Les étudiants trouvent facilement les connaissances sur Google ou Bing, l’enseignant n’est plus le détenteur exclusif du savoir … Toutes ses connaissances sont en ligne. Un simple voyage au pays des Mooc devrait suffire à s’en convaincre. De distributeur de savoir, le Professeur devra devenir un guide au milieu d’une toile souvent anarchique et où le jeune doit apprendre à se diriger.
Je me souviens de ma Terminale où notre Professeur de Philosophie, disciple inconditionnel d’Aristote et de Saint-Thomas d’Aquin, nous parlait du célèbre texte sur « La Main et l’Outil » du Maître antique. Que serait l’outil sans la main qui l’anime ? L’intelligence de quelques uns avait conçu l’outil pour faciliter le travail de l’homme et le dispenser d’une chaîne d’actions à mener. L’outil permettait d’aller plus vite et de se dispenser des vieux savoirs nécessaires avant sa création. Quand il est bien pensé, l’outil libère l’homme des tâches fastidieuses et lui permet de consacrer son intelligence à l’outil suivant. Comme le jeune ouvrier de la fabrique d’épingles pensé par Adam Smith, il peut se reposer grâce à son ingéniosité … Pourquoi en serait-il autrement quand tous les outils modernes de communication, d’écriture, de calcul, sont mis entre les mains de gens qui savent les maîtriser ? N’est-il pas de la responsabilité de l’école de leur apprendre à les utiliser pour passer au niveau suivant ?
Au Lycée Charles Péguy nous menons ce choix vers une plus grande adaptation à nos élèves et à nos étudiants. En nous engageant aux côtés de Télérama, nous voulons dire fortement notre attachement à la multiplicité culturelle dans la construction de la personne du jeune, apprenant certes mais pas seulement: Il est celui qui, plongé dans une humanité diverse et riche, amène de plus en plus avec lui des bagages improbables pêchés aux quatre coins de la toile et de ses influences. Il n’est pas cet apprenant des photos de Doisneau à qui l’on pouvait d’un coup de règle faire rentrer le savoir. Il est multiple, issu de famille recomposée ou pas, riche ou pauvre, très riche ou trop pauvre, regardant parfois le spectacle du monde ancien sans vraiment le comprendre, fuyant parfois dans des paradis parallèles le monde qu’on lui propose, peu enclin à apprendre mais infiniment généreux et créatif.
Donner du sens à l’école, la réenchanter, c’est d’abord regarder le jeune tel qu’il est et chercher des solutions pour qu’il soit dans 10 ou 15 ans un homme, une femme, de son temps, apte à grandir dans un monde nouveau et en pleine mutation. Notre école doit changer pour ça et revoir ses essentiels, car les essentiels de nos jeunes sont sans doute ce que nous avons longtemps considéré comme accessoire. Vivons cette mutation en prenant enfin en compte toutes les dimensions de l’être humain qu’il est sans en diaboliser aucune … Réjouissons-nous donc devant ce fantastique chantier qu’il nous reste à mener !
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